BIENS ÉCONOMIQUES

BIENS ÉCONOMIQUES
BIENS ÉCONOMIQUES

Un bien économique est «une chose reconnue apte à la satisfaction d’un besoin humain et disponible pour cette fonction» (Carl Menger). Le mot n’implique aucune connotation morale et ne s’applique pas seulement aux objets matériels mais à tous les objets capables de satisfaire nos désirs. Le mot bien remplace couramment aujourd’hui l’expression de «richesses». Deux conditions doivent être remplies pour qu’il y ait bien économique : 1. l’existence d’un besoin chez les individus et la possibilité pour eux de faire la liaison entre le besoin et l’objet propre à le satisfaire; 2. la limitation des quantités disponibles par rapport aux besoins humains.

La notion de bien est donc liée à la fois aux besoins humains et au rapport existant entre ces besoins et les objets propres à les satisfaire, c’est-à-dire à la notion de rareté. Un bien économique est essentiellement un bien rare, c’est-à-dire existant en quantités limitées. Il s’oppose par là aux biens «libres» que le monde extérieur fournit à l’homme et qui ne posent pas de problème de disponibilité ou d’appropriation privée (l’air, la lumière). Les biens libres peuvent avoir une utilité intrinsèque et même être indispensables, mais ils n’ont pas d’utilité, au sens économique du mot, car l’homme ne sacrifie en les utilisant aucune des satisfactions entre lesquelles il peut choisir.

Biens matériels et biens immatériels

Il existe des biens matériels et des biens immatériels. Parmi ces derniers figurent les droits qui concrétisent un avantage économique (propriété commerciale); on y range surtout les services. Le terme services recouvre, dans la terminologie contemporaine, toute la sphère de l’activité économique où la production a pour fin non la fabrication d’un objet matériel, mais l’apport direct au consommateur d’une prestation utile.

La notion de services a fait l’objet, par le passé, d’appréciations contradictoires dans la pensée économique. Les physiocrates ne concevaient la richesse que sous sa forme matérielle. Il en était de même pour Malthus et Adam Smith. Ce dernier classe parmi les professions non productives les activités liées aux services. Dans la même voie, Marx, suivi au XXe siècle par les économies socialistes, refusera de considérer comme productives les activités non directement liées à la production matérielle.

L’école marginaliste, et avec elle la pensée contemporaine, a nié toute différence économique entre les biens matériels et immatériels. Pour les économistes d’aujourd’hui est productive toute opération qui confère une utilité et qui est demandée comme telle. Il serait d’ailleurs paradoxal, à une époque où le secteur tertiaire (les «services») occupe la plus grande partie de la population active, de considérer comme improductives les activités qu’il recouvre. Les services sont donc sans conteste des biens économiques.

Biens de production et biens de consommation

Une autre distinction fondamentale est celle des biens de production et des biens de consommation.

Les premiers, qu’on appelle aussi parfois biens instrumentaux ou d’investissement, sont des biens indirects en ce qu’ils ne répondent pas à des besoins subjectifs des consommateurs, mais permettent de produire des biens de consommation. Cette distinction est essentielle car elle est à la base de la théorie du capital (les capitaux sont des biens indirects), de la théorie de la production (la production d’un bien direct suppose la transformation et l’emploi de divers types de biens indirects) et même de la théorie de la valeur; enfin la distinction entre biens de consommation et biens d’investissement intervient largement dans les théories des cycles et de la croissance économiques.

Biens de production et biens de consommation peuvent être de deux types: certains sont périssables au premier usage (denrées alimentaires, énergie électrique), d’autres verront leur utilisation s’échelonner dans le temps (machines, maisons d’habitation, appareils ménagers). Ces caractéristiques ont des conséquences économiques importantes, la demande de chaque type de bien étant soumise à un rythme très particulier.

Enfin, une nouvelle catégorie de biens s’impose aussi à l’attention: c’est celle des biens ou services collectifs. Pour Samuelson, par exemple, on peut opposer aux biens de consommation privée qui font normalement l’objet d’une approbation individuelle les biens de consommation collective, dont tous jouissent en commun. La caractéristique principale des biens collectifs est l’indivisibilité des avantages qu’ils confèrent à leurs utilisateurs, c’est-à-dire le fait que la «consommation» d’un tel bien par un individu n’entraîne aucune diminution de la consommation du même bien par les autres individus. Ainsi en est-il des services généraux fournis par l’État: défense nationale, administration générale, justice et sécurité.

Dans ce cas, les règles de l’appropriation privative ne peuvent jouer: la règle du rationnement des consommateurs par un prix n’est pas utilisable, car les biens collectifs ne peuvent être divisés en quantités unitaires dont un individu pourrait jouir privativement. Les biens collectifs sont donc, en ce sens, indivisibles: ils deviennent une partie de l’environnement et sont à la disposition de tous.

En fait, il existe peu de services collectifs purs: pour la plupart des fonctions de l’État, on rencontre rapidement les limites de capacité où se manifestent l’encombrement ou la congestion. La justice est un service collectif, mais l’encombrement des tribunaux influe évidemment sur la qualité du service que les justiciables peuvent en attendre. Ainsi apparaissent dans la sphère de l’économie publique les conséquences de la rareté.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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